Inauguration d’une plaque commémorative

quatre hommes, morts sur le territoire de La Landelle le 9 juin 1940

Winston Churchill a dit : « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. »

  • Le samedi 4 octobre 2014 de 09:30 à 12:00 iCal
    Album souvenirs. Archive des événements : Inauguration d’une plaque commémorative
    Inauguration plaque commémorative
    Lieu : Lalandelle, cimetière

Dans l’angle ouest du cimetière , la commune a organisé un jardin du souvenir.

Cet espace était devenu nécessaire, suite à la pratique de plus en plus fréquente de la dispersion des cendres des défunts, et parce que les familles se trouvent parfois dépourvues, par la suite, d’un lieu où déposer ne serait-ce qu’un bouquet de fleurs, marque de leur souvenir.

De la même façon, nous n’avions pas de lieu dédié à quatre hommes, morts sur le territoire de La Landelle le 9 juin 1940 : Leurs corps ne sont plus là. Deux ont été rendus en 1950 à leur famille en Bretagne, Ainsi celles-ci savent elles où se recueillir et manifester leur souvenir. Deux ont rejoint leurs camarades dans le cimetière militaire de Cambronne lès Ribécourt.

Ils étaient bretons, du Finistère et du Morbihan.

Personne ne les connaissait en 1940 à La Landelle !

Rien ne les prédestinait à mourir ici. Ils n’avaient sans doute jamais imaginé même venir dans le pays de Bray !

Ils avaient cinq ou neuf ans en 1914 quand leurs pères avaient déjà dû quitter la famille pour rejoindre l’armée. Peut-être ne sont ils pas revenus ? Et s’ils sont revenus, peut-être ne sont ils pas loin ce 9 juin 1940. En effet 500 000 survivants de 1918 sont de nouveau requis pour cette nouvelle épreuve, en août 1939. Père, fils et frères partent parfois ensemble. 29 classes d’âge sont rappelées dont les classes 1909 à 1917 ayant participé à la Grande Guerre.

Nos quatre jeunes en 1925 et 1929, ont effectué pendant dix-huit mois leur service militaire. A l’issu de cette période on leur a remis une brochure (un fascicule, c’est le terme employé par l’autorité militaire) où sont mentionnés, en cas de mobilisation générale (jour J) le jour où ils doivent se mettre en route et le régiment qu’ils doivent rejoindre.

Le 25 août 1939, les classes les plus récemment libérées sont rappelées. Le 1er septembre, l’Armée allemande entre en Pologne. La France, mobilise ses réservistes (eux faisaient partie de la territoriale depuis déjà quatre ou cinq ans) et les affiches apparaissent sur les murs de toutes les communes de France. La date de mobilisation générale est le samedi 2 septembre 1939. Tous les hommes valides de 20 a 48 ans sont mobilisés. La liesse populaire est beaucoup moins grande qu’en août 1914. Les hécatombes de 1914-1918 sont encore très présentes dans les esprits.

Des régiments de pionniers ont été mis sur pied. Composés de personnels des classes déjà anciennes et prévus pour effectuer des travaux d’organisation du terrain (construction d’obstacles défensifs, de dépôts de munitions et de carburant, coupes de bois, etc.), ils étaient assez mal armés et peu aptes à combattre. Les impératifs de la situation de mai-juin 1940 conduisirent le commandement à les utiliser comme infanterie d’appoint..

Tous les quatre ne faisaient déjà plus partie des plus jeunes : 31 et 35 ans. L’âge de Jean-Paul Belmondo et Jean-Pierre Marielle quand ils ont tourné le film week-end à Zuydcoot.

Plaque ANC

C’est dans ces conditions qu’ils se sont retrouvés, au bout de neuf mois, dont un de repli et d’escarmouches, avec leur régiment de pionniers, en Picardie, à La Landelle, sur la route de Flavacourt, le 9 juin 1940, face à un char allemand qui venait certainement de Gournay (presque totalement détruite par les bombardements allemands, la ville est occupée le même jour) et continuait son avance sur Gisors et la vallée de la Seine… Ils se sont défendus comme on leur avait appris, avec leur fusil mitrailleur,mais les forces étaient inégales. Ils sont morts en portant l’insigne de leur régiment qui représente une femme portant une coiffe bigouden. Ils ne reverront plus la Bretagne. Ils ne retrouveront plus leurs femmes, leurs enfants ? Ils étaient en pleine possession de leur métier, ils ne l’exerceront plus.

Treize jours plus tard le maréchal Pétain signait l’armistice, et peut-être auraient ils fait partie des un million 845 mille prisonniers qui devraient passer quatre ans outre-rhin.

Henri , Olivier , Jean-Mathurin et Jean , la terre de La Landelle ne vous connaissait pas. Elle n’était pas un enjeu stratégique, mais vous êtes des nôtres dans ce cimetière et nous ne vous oublions pas.

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